mercredi 18 mai 2011

Enfin…

Quand l’officier de douane lui a rendu son passeport, elle a su que tout va changer. Une chose étrange va se passer. Son cœur commençait à battre à la chamade. Ses yeux étincelaient de milles lumières. Ses lèvres dessinaient un sourire qu’elle essayait de camoufler. Elle se sentait belle comme elle ne l'avait jamais été.

Quelques dizaines de kilomètres les séparaient. C’est la première fois qu’ils seraient si près. C’est la première fois où rien ne pourrait les séparer ou les éloigner.

Presque une heure en voiture et elle est enfin arrivée. Il était midi, et cette journée était plus chaude que les jours habituel d’une fin de printemps. Chez elle, la brise maritime et l’air iodé rendait les rayons du soleil plus modérés. Là, si loin de ses lieux, tout était si différents, si étranges, si magiques…

Elle est entrée dans sa chambre d’hôtel, s’est rafraichie le visage, jeta ses sandales, et marcha sur les pointes de ses pieds nus sur ce marbre si blanc et si frais, ne faisant même pas attention aux gouttes d’eau qui mouillaient sa chemisette noire. Elle ouvra la fenêtre de son quatrième étage, une bouffé d’air chaud chatouilla son visage encore humide et sa chemise qui lui collait.

Elle regarda la ville qui s’étendait devant ses yeux. Elle ne savait pas que sa ville était si étendue, elle était résumée pour longtemps pour elle en une petite maison isolée, c’est seul celui qui l’habitait qui la concernait. Elle admirait le soleil qui faisait briller les immeubles aux fenêtres vitrées, elles étincelaient comme des étoiles filantes dans une nuit d’été. Des voitures roulaient à vive allure, chacun des conducteurs attendait surement un déjeuner chaud bien préparé, retrouver une épouse, une mère, une famille ou une bien aimée. Quelques piétons éparpillés, marchant vers leurs destinations ou attendant ce que le temps leurs réservait.

Elle fixa de loin les alentours, cherchant les petites fermes qui s’étendaient ici et là. Elle ne lui avait jamais demandé la couleur de sa maison, sur quel coté de la ville elle était, elle savait juste qu’une autre l’avoisinait, et que tout à coté des fondations s’élevaient. Elle n’a pas su la localiser, mais elle savait que ce n’était pas loin, elle sentait son parfum, et son cœur ne savait pas lui mentir, elle n’avait qu’à déchiffrer les messages qu’il n’arrêtait de lui envoyer.

Il ne savait pas qu’elle était là. Il ne soupçonnait même pas sa présence tout près, peut être il n’y a que quelques minutes de marche qui les séparaient. Pourra-t-il lui aussi lire les ondes du cœur ? Pourra-t-il déchiffrer les messages sans mots et sans vois qu’elle n’arrêtait de lui envoyer ? Ou le destin pourra-t-il les mettre sur la même route ? Elle ne sera là que pour deux jours, et elle avait la certitude que quelque chose de merveilleux et de magique allait se produire.

Elle a pris sa tablette de chocolat de son sac. Avec la chaleur il avait fondu, mais elle adorait sucer ses doigts pour avaler toutes gouttes de cette pâte onctueuse. Elle adore le chocolat, dans tous ses états, et elle n’avait aucune envie de descendre partager son déjeuner avec les autres dans le restaurant de l’hôtel. Elle adorait être seule, laisser sa tête planer dans des lieux et des cieux qu’elle seule savait créer et savourer la beauté.

Elle n’a pas su pour combien de temps elle avait dormi, mais quand le téléphone de chambre a sonné, elle serrait à elle l’oreiller d’à coté, et un grand sourire rayonnait son visage. Ils l’attendaient à la réception, il était déjà tard et beaucoup de courses les attendait. Elle n’avait même pas essayé de se rappeler à quoi elle rêvait, elle le savait…

La nuit, elle n’a pas pu fermer l’œil. Des heures elle avait passé sur ce fauteuil du balcon, savourant son café, et admirant les étoiles qui la surveillaient. Ce sont ses étoiles à lui, ce sont celles qui veillaient sur ses nuits en son absence. Elle avait passé la nuit à les supplier de ne jamais le lâcher, de bien le garder et de toujours dessiner le bonheur dans ses yeux. D’apaiser ses colères, ses haines et ses déceptions. De le bercer quand le sommeil pourrait un soir le quitter et de le couvrir quand le froid le guettait. De prendre sa main où il désirait aller et de ne jamais le contrarier.

Le matin, elle a décidé d’errer seule dans cette ville qu’elle découvrait. Elle allait le chercher, provoquer le destin qui ne voulait pas se manifester. Devant chaque parking elle le guettait, chaque voiture blanche l’attirait, pour la marque de la sienne, le blanc n’était pas si commun et la recherche ne sera pas difficile. Devant un centre commercial, une voiture blanche était stationnée. Elle se sentait clouée sur place, elle n’a plus aucun pouvoir sur ses pieds qui avançaient malgré elle sur la route, elle voulait embrasser ce petit garçon qui regardait les vitrines. Elle ne voyait que ses beaux cheveux châtains et sa petite taille.

Dans ce moment d’absence, tout le monde autour d’elle s’était arrêter. Elle n’entendait pas les cris des passants qui la mettait en garde, ni voyait cette voiture qui arrivait à grande allure. C’était la voiture blanche que depuis le matin elle guettait. La voiture blanche dont le conducteur changeait le CD qu’il écoutait depuis quelques jours en boucle sans s’enlacer, c’était une musique qu’un soir avec elle il a partagé.

Et dans une fraction de seconde tout est arrivé… Elle était étendue sur terre, cette tache de sang s’élargissait couvrant l’asphalte de la route de sa ville. Elle savait qu’elle allait le voir. Elle savait que leurs yeux vont se croiser. Elle savait que le destin ne la lâcherait jamais.

Mais, elle ne savait pas qu’il ne la reconnaitrait pas. Ne reconnaitrait pas ses cheveux étalés qu’il adorait toucher. Qu’il ne reconnaitrait pas ses mains, ses doigts qui ont dessiné ses mots d’amour sur son dos. Ne reconnaitrait pas son parfum, son dernier souffle qui criait muet son nom…

Et elle ferma les yeux, remerciant le destin qui a enfin exhaussé son dernier vœu. Avoir son visage comme dernière images pour ses yeux…

mardi 17 mai 2011

Pardon


Moi qui n’a pas l’habitude de le demander… Moi, trop orgueilleuse pour l’annoncer… Moi, avec tous mes regrets, qui ne le dis jamais… Aujourd’hui, j’ai hâte à le crier…

Pardon

Pardon, si un jour j’ai gaffé, si un jour par maladresse j’ai blessé…

Pardon, pour toute ma spontanéité. Pour l’enfant que j’ai toujours été…

Pardon, si j’ai un jour offensé, tout être qui me croyait, trop intelligente pour
pouvoir tout comprendre et cerner…

Pardon, car j’ai dépassé ce qui m’a été autorisé…

Pardon, si dès le début j’ai cassé, les barrières du respect. Si j’ai tutoyé, en dépassant le vous que je devais utiliser…

Pardon, si j’ai dessiné, un jour un sourire ou un front de colère plissé…

Pardon, pour tous mes secrets que j’ai dévoilé. Pour mes pages que j’ai étalées…

Pardon, si je n’ai pas pu embellir, mon image juste pour faire plaisir…

Pardon, si un jour je me suis dénudée. Exposant un être déformé, sans avoir la présence d’esprit de le masquer…

Pardon, si en délirant j’ai crié, mes folies dans une nuit étoilée, criant tous les sentiments que je portais…

Pardon, si j’ai partagé, des moments de joies et de désirs, et des moments de peines et de désespoirs…

Pardon, pour mes mots mal placés. Pour mes maux partagés. Pour mes rêves que je n’ai pas su cacher…

Pardon, pour mes humeurs, pour ma tête qui n’a pas su réfléchir, pour ma langue qui n’a pas appris à calculer…

Pardon, si je n’ai pas pu masquer, mes défauts que je connaissais. Si j’étais moi-même sans savoir le cacher…

Pardon, si on a volé mes mots, pour doubler mes maux, pour briser des murs déjà en ruines entassées...

Pardon, si je me suis immiscée, dans une vie qui n’est pas mienne. Dans une vie que je ne devais pas partager…

Pardon, si j’ai aimé. Si je n’ai pas pu apaiser le sentiment qui m’a emporté, un sentiment qui ne devait pas exister…

Pardon, si j’étais, trop égoïste, trop possessive, trop envahissante, trop présente, au moment où je devais juste m’effacer…

Pardon, si un jour j’ai existé, si un jour j’ai rêvé, si un jour j’ai pleuré, si un jour j’ai…..

Alors pardon pour ce que j’ai fait et pour tout ce que je n’ai jamais fait…

Mais mon âme pourrait elle, un jour, me pardonner tout le mal que je lui ai infligé…???

Elle ne le pardonnera jamais, je le sais. Je lui ai fait supporter l'insupportable...

Je lui apprendrais à oublier, à s'apaiser, et à dire cet adieu à jamais...

dimanche 15 mai 2011

Une voix sur l'autoroute...

Pour arriver à un but précis, chacun choisi sa voie, choisi sa route. Ces routes diffèrent, n'ont pas le même sens ou la même signification...

Certains préfèrent prendre une piste... lente... pleine de virages...de bosses... des détours...

Sur une piste, la démarche est large... l'entourage est vaste... les paysages appréciés... les voix écoutées... à tout moment on peut s'arrêter... faire une pause... réfléchir... rien n'est définitifs... reprendre la piste ou tout recommencer...

La piste est de nos pas créés... chaque marche peut la dessiner... et une autre l'effacer... il n'y a jamais de point d'arrivé... rien n'est d'avance fixé... les buts au fur et à mesure précisés... tous les sens servent à guider... une couleur, une odeur, un son peut tout changer... et tout, à un moment peut chavirer...

D'autres, préfèrent prendre une route... dure... bien dessinée...noire et asphaltée...

Sur une route, le trajet est souvent découpé... des voies secondaires la sillonnait... des rend points qui servent à détourner... une ligne d'arrivée qu'on veut éviter...

Une route sert à avancer... avec une vitesse modérée... des voix du passé on peut écouter... méditer sur ce qu'on fait... regretter... et donner la chance pour tout recommencer... parfois, le point de départ peut ne jamais exister... la route donne une chance de le retrouver... Ce rêve dont on veux s'échapper...

La route est d'avance dessinée... mais à tout moment on peut la quitter... changer ou détourner... sans stagner ou arrêter d'avancer...

Enfin arrive la voie modernisée... une autoroute est un parcours de tout trait dessiné... large, vaste et les limites clairement tracées...

Une autoroute est un choix prémédité... on paye d'avance la traversée... à un engagement moral et matériel elle nous condamnait...



Une voie rapide... sure... et bien tracée... une ligne de départ et d'arrivée d'avance signalée... aucun détour ne peut être réalisé... c'est toujours en avant qu'il faut avancer... impossible de s'arrêter...

Sur une autoroute, tout ne fait que défiler... les visages, les paysages, sans pouvoir les identifier... le passé est derrière laissé... une voix lointaine qu'on ne peut déchiffrer... c'est à cette voix qu'on veut s'échapper... les yeux en avant... les portières verrouillées... une main sur la portière, indécise... en derrière, interdiction de regarder... il faut juste avancer...

mercredi 11 mai 2011

Femme…

Beaucoup ont écrit ou on décrit la place qu’occupe la femme dans la vie en général et surtout dans la vie d’un homme.


Beaucoup d’hommes n’arrêtent pas de nier sa place, sa valeur, son importance pour eux. Parfois parce qu’ils veulent l’oublier ou l’effacer de leur rêve, de leur vécu, de leur cœur, et souvent pour garder cette image de noblesse qui les met dans un rang supérieur.

Lier leur bonheur à la femme, à l’amour que peut leur donner une femme amoureuse, devient une forme de vulnérabilité qu’ils n’ont jamais voulu admettre.

Ces paroles que j’ai lu dans le magnifique roman de Yasmina Khadra « Ce que le jour doit à la nuit » m’ont touchées. Des paroles adressées d’un oncle à son jeune neveu « Jonas » qui ne veut pas admettre que le bonheur est entre ses mains, qu’il faut juste ne pas l’égarer.



Yasmina Khadra, par ses paroles, met la femme dans le sommet, une place d’honneur hors normes. Cette place vue par les yeux d’un homme, qui considère la femme , comme toujours, comme l’objet de son bonheur à lui, une autre forme camouflée de l’égocentrisme masculin…

Et je n’ai pas pu garder pour moi seule la beauté de ces mots que je partage avec ceux qui s’aventurent encore dans mon petit jardin de blog que je veux verdoyant même si les rosiers ont perdu leurs feuilles en plein printemps…

« … quand j’étais petit, j’allais souvent sur le grand Rocher contempler le coucher de soleil. C’était fascinant. Je croyais que c’était là le vrai visage de la Beauté. Puis, j’ai vu la neige couvrir de blanc et de paix les plaines et les forêts, et les palais aux milieux de jardins fabuleux, et bien d’autres splendeurs inimaginables, et je me suis demandé ce qu’il en serait du paradis…

Eh bien, le paradis ne serait qu’une nature morte sans ses houris…

… Le coucher de soleil, le printemps,le bleu de la mer, les étoiles de la nuit, toutes ces choses que nous disons captivantes n’ont de magie que si elle gravitent autour d’une femme… Car la beauté, la vraie, l’unique, la beauté phare, la beauté absolue, c’est la femme. Le reste, tout le reste n’est qu’accessoire de charme. …Si une femme t’aimait… Si une femme t’aimait profondément, et si tu avais la présence d’esprit de mesurer l’étendue de ce privilège, aucune divinité ne t’arriverait à la cheville.

… Cours la rejoindre… Un jour, sans doute, on pourrait rattraper une comète, mais qui vient à laisser filer la vrai chance de sa vie, toutes les gloires de la terre ne sauraient l’en consoler… »