jeudi 31 mars 2011

la femme en noir...


Elle avait surgi, habillée toute en noir comme un fantôme. Son châle nuit couvrait ses cheveux d'un blond sombre qui descendaient sur ses épaules. Sa robe, longue, ample, cachait son corps meurtri par des années de souffrance. Sa peau blanche, ses yeux grands ouverts, contrastaient avec cet environnement sinistre d'un cimetière...

Depuis quelques jours, et toujours à la même heure, elle surgissait de nulle part. Marchant d'un pas lent, mais sûr, vers cette tombe que personne ne visitait, sauf elle. Une tombe fraiche, pas encore peinte, qui s'allongeait à trois cent pieds de la porte du cimetière.
Une tombe sans nom, comme si c'est elle seule qui connaissait le secret qu'elle enterrait.

Sous les pieds de la dame en noir,
s'étalaient des pétales blanches, d'une blancheur de vie dans un lieu où tout était noir, où tout était mort. Son regard était vide, un regard de revenant, un revenant d'un monde inconnu, un revenant d'un monde inconnu, un monde au-delà de la vie et qui l’avait uni avec l’occupant de la tombe.

Il n'y avait dans ses yeux ni larmes,ni tristesse. Elle ne ressemblait point aux autres visiteurs, rares par ces jours ensoleillés où l'hiver cède sa place malgré lui à un printemps qui ne fleurit pas en elle.

Elle se recroquevillait près de la tombe qu'elle venait chaque jour visiter. Ses mains posées sur la pierre froide d'un ciment qui n'a pas voulu sécher. Et elle commençait son rituel sacré. Elle soupirait, elle parlait, elle souriait à un esprit qu'elle seule voyait. Elle levait les yeux vers les cieux guettant une étoile filante qui exhaussait les vœux.

Aucune larme ne descendait de ses yeux ou ne sciait ses joues, le temps des pleurs était dépassé. Pourquoi pleurer face à la mort? quand tout est terminé, quand les larmes ne pourrait plus faire revenir ce qui était parti à jamais.

Elle avait jadis trop pleuré, quand la vie les réunissait. Il n'y a que la vie qui pouvait faire pleurer.
Elle avait pleurer quand elle sentait son mal qu'elle ne pouvait guérir... Elle avait pleuré quand il éloignait sa main qu'elle voulait caresser... Elle avait pleuré quand il lui tournait le visage sans prendre la peine pour la regarder sans même l'écouter... Dans la vie à deux, ces gestes la faisaient pleurer. Maintenant, qu'il est parti, il n'y avait plus rien à pleurer.

Dans cette tombe aucun cadavre n'était allongé. C'était juste un lieu de culte, le culte d'une secte dont elle était la seule partisane. Elle voulait matérialiser un sentiment si grand qui l'avait délaissé. Elle avait besoin d'un temple où elle pouvait faire revenir un esprit à qui elle s'unissait. Elle faisait comme ses ancêtres qui avaient sculpter leur dieux dans les pierres pour pouvoir s'y approcher et les toucher.

Dans son temple elle revivait tous ses souvenirs. Des souvenirs qui n'avaient pu garder que la beauté des moments passés, des moments où tout les unissait et tout les éloignait.

Aux pieds de son temple, elle revoyait leurs longues soirées, ainsi que les matinées passées à deux.
Elle revoyait leurs esprits se réunir, se fusionner et leur sang se mélanger.
Elle revoyait leurs rêves qu'ils avaient tissés avec détails et qu'ils ont eux même crées.
Elle revivait ce coup de téléphone aux alentours de minuit , et son sourire s'élargissait et ses yeux scintillaient.
Elle sentait sa tête sur son pied étendue, quand il lui avouait ce qui le tracassait.
Leurs discussions défilaient sans voir le temps passer.
Et elle ferma les yeux, déposa sa tête sur son épaule, le seul lieu où elle puisse sentir la paix, et arrêter toutes les horloges qui tournaient...

Enfin, elle se leva, couverte de son parfum, emplie par la grandeur de son sentiment. Elle rendra surement visite à son temple de souvenirs pas plus tard que le lendemain. Elle le sentira encore une fois, et chaque jour, couler dans ses veines jusqu'à ce qu'elle le rejoigne, dans quelques années peut être, un jour d'automne quand toutes les feuilles seront emportées par les vents. Elle courra vers ses bras, il la serrera fort, et sous les gouttes de pluies, elle reconstruira de nouveau son temple, le temple des souvenirs qui donneront la vie aux disparus...

Et elle repart, les yeux pleins d'espoir, le cœur emplit de souvenirs, l'esprit retrouvant son calme et sa sérénité. Les tombes sont fait pour ça, pour revivre ce qu'on a perdu avec ceux qu'on a perdu sans besoin de raisonner...

lundi 28 mars 2011

La libyenne violée


Personne ne pourra éviter de voir la vidéo de cette femme qui criait son viol. Toutes les chaines de télé tournaient autour du sujet pour condamner tout un état qui ne fait que massacrer son peuple.

Ce qui m'a poussé à écrire ces quelques mots sur ce sujet, c'est le point de vu de la télé libyenne sur l'affaire. C'est aussi cette présentatrice qui se fait passer pour la plus tolérante, la plus informée et la plus dévouée à un chef d'état que tout le monde affirme sa folie, ses complexes de supériorité et son amour sans limites du pouvoir.

Quand la victime se transforme en accusée...
Quand le fait qu'elle soit dame et non demoiselle atténue l'impact de son viol...
Quand on cherche à la minimiser, elle était ivre et elle ne savait pas ce qu'elle avançait...
Quand on la juge, il n'y a aucun mal qu'une prostitué soit violée...
Quand on dit qu'une femme libre préfère mourir que de dire que de son corps on a abusé...

Ces prises de position, ces jugements de valeur, ces classements de la femme dans les poubelles de la société, ces exploitations des maux des autres pour des fins personnelles, tout ça m'écœurent...

Un pays entre deux feux, un dictateur fou d'un coté, et des forces qui n'ont devant les yeux que la richesse à gagner...
Un dictateur qui se voit grand et qui est prêt à tuer tout le monde pour le prouver et se le prouver et des alliés qui veulent avoir leur part du gâteau du pétrole arabe...
Le couteau se creuse et ça fait si mal sur un avenir qui n'a rien de clair...

mercredi 23 mars 2011

Harcèlement dans le milieu scolaire...


Je suis une jeune adolescente de quinze ans, élève dans un collège en neuvième année. J'ai fait mes études primaire dans mon petit village natal très loin de cette grande ville vers où on a immigré à la recherche d'une vie meilleure.

J'ai dû dès mes premiers jours m'imposer de force pour pouvoir détourner les regards moqueurs de mes camarades de classe ainsi que leurs paroles abaissantes pour la campagnarde qui ne s'habillait pas comme eux et ne parlait pas comme eux. Cette attitude agressive m'a causé des problèmes relationnels qui s'aggravaient de jour en jour sans que je puisse les dépasser.

Je ne suis pas vraiment belle, mais ma puberté précoce m'a donné des formes que celles de mon age n'avaient pas encore. Ma grande taille, mes yeux noirs sombres et mes joues toujours roses -un héritage de l'air de montagne où j'ai passé mes années d'enfance- donnent l'impression que je dépasse mes quinze ans de plusieurs années.

Au collège, et partout où je suis j'attire les regards admirateurs qui sont attirés par mon coté jovial et dynamique. Mais je suis une campagnarde, et personne ne peut dépasser avec moi les limites que je sais tracer avec la force de la parole ou du bras et parfois je passe même aux coups de pieds. Je ne suis pas la fille facile de cette génération, comme les fifilles avec qui je partage les bancs de l'école.

Le rapport d'une adolescente avec ses transformations de corps, et surtout si elles sont précoces, est souvent si complexe. Une fierté sentie avec les regards admirateurs et en même temps un refus qui peut paraitre dans une agressivité excessive. C'est un corps de femme dans une tête qui n'a pas dépassé l'age de l'enfance, ajouté à cela tout l'héritage social et culturel sur l'image de la femme d'elle même transmis souvent dans les milieux ruraux par les proches adultes où le familial et le social ne font qu'un.

Ce que je vis depuis presque un mois et difficile à surmonter, surtout que je n'ai pas pu en parler.

Un camarade de classe, qui me courait après depuis quelques temps, a osé mettre sa main sur mon épaule pendant un cours. Je n'ai pas trop réfléchit, je l'ai tout de suite giflé et je me suis mise en face de lui le frappant de coups de pieds et de mains. Mon professeur, d'habitude gentil avec moi, et qui m'aime beaucoup, m'a expulsé de la classe et a rédigé un rapport de ce qui s'est passé dans son cours.

Depuis, j'ai commencé à répondre à une série de questionnaires dans le bureau de monsieur le directeur. Dès le premier jour, j'ai vu que je lui plaisais. Il tardait à me regarder, m'admirer comme s'il me déshabillait. Je me sentais fière de la place d'honneur que j'ai pu avoir à ses yeux. Il m'a même dit qu'il est fier de mon comportement et que c'était la preuve que je suis une fille correcte et qu'il souhaitais avoir une fille avec ma force de caractère. Il m'embrasse souvent sur la joue en me tenant par la tête, et il a même une fois essuyer mes larmes avec son propre mouchoir. Il était si gentil et si adorable et il pouvait comprendre mes intentions et mes réactions.

Un autre caractère d'adolescence qui peut parfois durer à des ages beaucoup plus avancés, c'est s'identifier à travers le regards des autres, surtout ceux d'un age adulte. Voir dans l'admiration de cet autre une valorisation du soi. Cette recherche de valeur, devient parfois plus grave, et même maladive, quand l'adolescent ne fait que l'imaginer et construire tout un enchainement qui ne tient point à la réalité. C'est aussi un besoin de soutien ou de protection hors du cadre familial qui se cherche dans l'entourage adulte, et les enseignants jouent souvent ce rôle aux yeux de certains de leurs élèves.

Avec le temps, monsieur le directeur me fait penser que lui seul pouvait fermer ce dossier pour que je puisse continuer mes études sans problèmes sans oublier de souligner, qu'à mon passage au conseil de discipline, je serais surement renvoyé du collège et qu'il doit informer mes parents.
Je l'ai supplié, je lui ai même proposé que je suis prête à tout faire pour que je sois pardonné et que je ne serais plus de cette agressivité.

Là est venu sa proposition...

Il a demandé que je vienne le rejoindre dans son bureau à la fin des cours à 18heures. Une fin d' après midi de janvier, sombre et pluvieuse, je ne pourrais jamais oublier ce jour.

Je pleurais. J'avais peur du conseil qui s'approchait. Monsieur le directeur a commencé à m'apaiser, à me dire qu'il ne laissera jamais tomber une fille merveilleuse comme moi. Il s'est approché, m'a tenu dans ses bras, et il a commencé à m'embrasser, mais pas d'une façon parentale comme avant. Ses mains parcouraient mon corps et je ne pouvais pas les éloigner. je suis sous sa merci, je n'avais aucun choix. Et je me trouvais dans cette chambre annexe à son bureau, et il a eu ce qu'il voulais, de moi, la fille de quinze ans et monsieur le directeur de mon collège où j'étudiais.

Je n'ai pu parler à personne, d'ailleurs il m'a menacé, il tenais ma réputation et mon avenir entre ses mains, et ça sera ma parole, la fille à problèmes, contre la sienne, monsieur le respectueux directeur, connu et d'une grande famille et qui bénéficie d'un poste de responsabilité à la municipalité de la ville.Mes parents même vont me tenir responsable, me punir et pourquoi pas me tuer, moi la cause de leur déshonneur.

Le dossier est classé; mais j'ai eu une punition que je n'ai jamais imaginé un jour pour avoir refusé qu'un camarade mette la main sur mon épaule. Deux semaines sont passées maintenant, Je me sens comme un cadavre en classe, vidée de toute force que j'avais. J'évite tout contact et j'essaye de ne pas croiser monsieur le directeur. Il demandera de me revoir surement une autre fois et je n'aurais jamais la force de refuser.

Tout ce que je souhaite, c'est que ces quelques mois qui restent de l'année scolaire passent vites, que je sorte de ce collège pour aller au lycée et tourner définitivement cette page qui ne s'effacera jamais, jamais, jamais...

Combien de cas semblable à celui de cette jeune fille, ou plutôt de cet enfant on peut dénombrer?
Est ce que le mur de silence puisse être un jour brisé?
Qui aura la force de crier fort ce crime, appeler justice?
Une société comme la notre va-t-elle lui donner ses droits ou simplement l'inculper à sa façon?
Garder le silence... est ce le bon choix... ou elle n'avait aucun autre choix????????

lundi 21 mars 2011

Le plateau au lit


Depuis deux jours, j'étais affreusement malade. De la fièvre, le nez qui coulait, une migraine, une bronchite, du vertige... Bref, je ne pouvais plus me maintenir debout. Alors, j'avais pas le choix, je devais me clouer au lit.

Une situation qui n'était pas mienne, moi qui se chargeais de tout d'habitude. N'empêche, cet état m'avait permis de confirmer que j'étais aussi gâtée. Que j'ai beaucoup d'importance et de valeur et qu'en cas de besoin, je peux compter sur ceux qui m'aimaient et que je n'arrêtais pas de chouchouter.

Au matin, je me réveillais sur l'odeur d'une rose fraichement cueillie, son parfum avait pu percer mes narines enflammées. C'était surement l'effet de cette fumée, que dégageait cette tasse de tisane bouillante sucrée au miel frais, servie dans un plateau pour la princesse qui dormait.

Comme c'était magnifique de faire la gâtée, qu'on suppliait pour boire sa tisane avant qu'elle ne refroidisse.
Comme c'était exceptionnel, de faire la paresseuse, qu'on encourage avec chaque gorgé pour continuer.
Comme c'était confortant, de serrer la couette autour du corps fiévreux, en donnant l'ordre de ne pas se lever.

Midi arrivé, une autre saveur me faisait réveiller. Une soupe chaude comme j'aimais, et un verre de jus d'orange fraichement pressé. Un autre oreiller placé sous mon dos, je n'avais à fournir aucun effort. Les cuillères pleines de soupe chaude et bien piquante m'arrivaient aux lèvres et je n'avais qu'à les avaler, avec une paresse que ne connaissaient que les fainéantes.

Si je le savais, je prendrais rendez vous avec un rhume au moins une fois par mois, deux jours comme ça, gâtée et cajolée, à chaque fois, je ne dirais jamais assez.


Oh !!! comme c'est confortant parfois d'avoir de la fièvre, halluciner et se croire dans un comte de fées. Dormir en ayant le sourire avec des senteurs et des saveurs imaginées. Se croire princesse et en plus gâtée.

Et vous me demandez pourquoi j'avais choisi le surnom d'illusions?

C'étaient mes illusions qui me permettaient de trouver la force pour continuer. Qui me permettaient de rêver comme si c'était vrai.
C'est ce plateau au lit qui m'avait donné le sourire et la sensation que j'allais enfin beaucoup mieux.
Alors, avec mes illusions, j'aurais toujours la vie que j'espérais, même si on me croit folle quand je dessinais dans le rêve mon monde que moi seule savait savourer.

jeudi 3 mars 2011

Doutes...


Le doute commence par une interrogation, qui s'oblige à se poser, devant des faits qui se répètent et qu'on ne peut nier...

Le doute peut aussi être un pressentiment, quand le cœur et l'esprit réunissent des faits qui ne peuvent pas coller...

Le doute est une impression, que la réalité est différente, de ce qu'on nous dit ou de ce qu'on veut nous faire croire...

Le doute est pénible, un harcèlement continu, une crainte, des soupçons, qui ne réussissent jamais, à mener vers la certitude...

Le doute touche la confiance, qu'on essaye de construire, d'installer, pour la voir jour après jour s'effondrer...

Le doute est une peur, de pouvoir dire un jour, qu'il n'y a plus aucun doute, et d'admettre que ce n'est que la réalité...

Le doute est une naissance, d'une confusion, d'un flou, on ne sait plus agir, on n'est plus capable de clairvoyance ou de bienveillance...

Le doute tue tout sentiment de paix, avec le doute on a envi de tout casser, même les statuts de marbres qu'on a avec attention sculpter...