samedi 23 janvier 2016

Et dieu n’existe pas !!!


Quand ces mots sortent des lèvres d’un enfant de sept ans, ils ont un autre sens, un sens non commun qui nous laisse bouche bée.

Oui, c’est un enfant de sept ans, bien encadré par ses parents et ses grand parents, un enfants intelligent, très curieux et ouvert d’esprit pour un garçon de son âge.

Un enfant qui vient juste de perdre son père après une longue lutte contre le cancer – la maladie qu’on n’ose pas parfois prononcer le nom- qui a duré des années déchirées entre un espoir et un désespoir.

L’année dernière il a eu un frère que le destin a voulu trisomique. Une association de mal chance ? Une punition divine ? Des tests que la vie infligent aux commun des mortels sans pouvoir déchiffrer ni les causes ni les finalités ?

Un enfant « fort », ou c’est ce qu’il essaye de prouver, devenu à sept ans « l’homme » de la maison comme on le lui répétait, « responsable » de sa maman et de son petit frère.

En deuil, personne ne l’a vu pleurer ou même verser une larme en silence, mais il passait des dizaines de minutes à pleurer en cachette dans les toilettes et ne sortir qu’après avoir bien essuyé les yeux pour maintenir cette image de force qu’il voulait garder face à ces inconnus qui passaient par leur maison pour soit disant le consoler ainsi que sa famille. Mais lui refusait de les voir ou de leur parler.

Face à ces condoléances incessantes sans aucun sens il a déclaré :
 « Pour moi, dieu n’existe pas.
 Pourquoi il a choisi mon père pour le prendre à ses côtés ? Mon père était jeune, plein de vie, si gentil, admiré par tout son entourage proche et lointain. En plus il est responsable de notre famille, en plus, il a beaucoup lutté, par tous les moyens, contre sa maladie.

A la naissance de mon frère, et en découvrant qu’il est trisomique, je me suis dit que peut être dieu a voulu épargner mon père en infligeant la souffrance à mon frère. Je croyais que ça serait injuste d’infliger la douleur et la maladie à deux membres de la même famille. J’ai pour un moment cru que c’est mon petit frère qui va porter la malédiction et que mon père va guérir, mais rien de cela ne s’est passé… C’était un acte de pur sadisme divin…

En hivers, quand il pleuvait et faisait un froid glacial, j’ai vu ma grand-mère sortir au balcon, elle, qui avait le corps fragile. Je la voyais lever les mains vers le ciel, les larmes coulaient sur ses joues, le visage fatigué d’une maman touchée en ce qui lui est le plus cher, son fils unique… Et elle priait pour que son fils soit épargné, qu’il guérisse, qu’il puisse vivre pour lui et pour sa petite famille qui avait tant besoin de lui. Elle voulait même offrir ce qui lui restait à vivre à son enfant.

Ma mère faisait de même, tout le monde la voyait sourire et remonter la morale. Elle avait l’espoir que tout ira vers le mieux, que dieu saura exhausser leurs prières surtout qu’ils n’ont rien épargné pour que mon père reprenne ses forces et sa bonne santé.
Moi-même j’ai prié, j’étais un enfant sage, obéissant. Ne m’a-t-on pas dit que dieu écoute les prières des enfants, et surtout des enfants sages ? Mais ce n’était pas vrai, tout n’était que mensonges.

On m’a dit aussi que dieu ne faisait rien sans une bonne raison, et qu’un bon croyant doit trouver cette bonne raison et accepter sa volonté. Mais j’ai bien cherché, et je n’ai rien trouvé de bien.

Où est le bien en privant ma grand-mère de son fils unique et lui ôter toutes les joies et les raisons de vivre ?

Où est le bien en faisant souffrir mon père qui a à peine dépasser la trentaine et qui n’a fait du mal à personne puis le priver de la vie ?

Où est le bien en nous laissant moi et mon frère malade orphelins, seuls, sans père et faire souffrir maman ?


De quel dieu parle-t-on s’il nous a écoutés tous prier, supplier sans nous écouter ou atténuer tout ce mal qui est tombé sur ma famille ? Alors, moi, malgré mes sept ans, et après avoir bien réfléchit, je déclare que la seule vérité à laquelle je crois, c’est qu’il n’y a pas de dieu et que je dois seulement compter sur moi-même et ma famille pour pouvoir continuer cette vie d’injustice. Et je prouverais à ce dieu qui n’existe pas que je pourrais seul réussir bien que ma réussite ne ravira plus personne, car il n’y aura plus de joie dans nos cœurs… »