vendredi 8 janvier 2010

S'évaporer... seule comme sa fumé.


Il est déjà 13 heures. Elle est entrée seule dans un café, luxueux avec ses fauteuils rouge bordeaux et son bois massif juste vernissé. Elle a commandé son café, noir avec une petite nuance de lait. Elle a allumé sa première cigarette et a pris une gorgé de son café, sans sucre, amère comme ses pensées.

Quelques clients sont éparpillés autour d’elle. Elle les observait sans vraiment les voir.
Une étudiante juste à coté, surfant sur son pc chansonnant avec un air gai sur une musique diffusée à partir d’un grand écran qui était collé au mur.
Un jeune qui bavardait avec une vieille touriste, lui chuchotant à l’oreille et lui faisant les yeux doux et surement dans ses pensées la question des papiers sera bientôt réglé.
Des hommes, bien rasés, bien costumés et cravatés qui venaient bavarder et déguster un thé chaud mentholé pour le moment d’une pause déjeuné.

Elle ferma les yeux, sentant sa cigarette la bruler, elle l’écrasa sur le cendrier et elle alluma vite une autre pour regarder filer des fils de fumé.

Toute sa vie se déroulait devant ses yeux, seule, entre sa cigarette et son café. Ses moments de joie et ses moments de peines, et comme ils sont si nombreux ces derniers. Elle s’est vu jeune, enfant, insouciante, jouant avec ses frères et courant derrière une petite chatte qu’elle voulait adopter.

Puis une jeune adolescente, avec le rêve de changer le monde, jeune, belle et élancée. Avec tous ses espoirs et sa fougue elle a tout expérimenté. Elle a fait la politique, mener des grèves, elle a gouté à l’alcool, les drogues et les hommes, elle a dansé, dragué, charmé et rien ne l’arrêtait. Sur ses peines elle n’a jamais tardé, elle n’avait pas le temps pour y penser.

Après tant d’année, elle est devenue
mère, prise par les charges de la vie, elle a tout délaissé, ses rêves, ses folies… et sur sa famille et son boulot elle s’est focalisé. Elle n’a plus la force de réclamer, ou de se révolter, de penser à elle ou à ce qu’elle devenait. Elle avait peur d’éveiller ce volcan qui bouillonne en elle et qu’elle a su le rendre muet pour des années.

Et puis, les tonnes de pierres gardées pour des années sur ce volcan se sont envolées. Par pure magie ou c’est les pierres qui ne pouvaient plus le maintenir endormis et pour toujours, ou peut être c’est elle qui s’en est débarrassé. Elle a repris ses rêves, et ses folies grandissaient…

…………

Les cigarettes se succédaient et le cendrier est pour la deuxième fois changé. Encore quelques gouttes de son café restaient, et elle n’a pas vu le temps passé. Il ne lui reste que des minutes pour filer, ses obligations l’attendaient.

Des larmes coulent sur ses joues. Elle qui croyait qu’elle n’aura plus la force de pleurer tellement elle a versé de larmes ces derniers jours. Elle savait que ce volcan en elle va finir par la bruler, comme il a fait anéantir tous ses rêves et ses espoirs. Elle sait qu’il faudra l’enterré et à jamais. Reprendre sa vie, ses habitudes et sa monotonie. Sa vie était sans risques et sans folies mais elle était sans larmes et sans peines. C’est juste maintenant qu’elle s’en apercevait.

Elle a éteint sa cigarette, la dernière qui restait dans le paquet, un peu de rouge à lèvres et d’anti-cerne pour cacher les traces de ses larmes et de ses longues nuits d’insomnie.
Elle prend sa voiture et commence à rouler. Le cœur lourd et une douleur atroce à sa poitrine, ce n’est surement que l’effet du tabac, qui ,par magie pourra rétrécir les années qui lui restent à vivre.

De loin elle voyait un grand camion qui arrivait, pour une minute elle a failli continuer sa route. Être écrasée, et écraser avec, tous ses souvenirs, ses peines et ses larmes qui l’aveuglaient. Ça sera plus facile que de se couper les veines pour en finir, car elle n’a plus le courage de le faire, de peur de voir ses enfants sans elle, ou peut être sentir une peine dans leurs yeux. Mais elle sait, elle a la certitude même que ça ne va pas trop tarder. Elle se déteste. Elle se hait. Elle est même dégoutée d'elle même et de ce qu'elle devenait, de tout ce qui s’est passé et de tout ce qu’elle a fait sans vraiment le préméditer. Elle sait que ce volcan en elle va un jour la pousser vers la paix, la paix finale, et elle s’évaporera, seule, comme la fumé de ses cigarettes qui la brulent pour le moment
.

8 commentaires:

  1. trop de tristesse, inutile peut être.

    On peut tous courir derrière un rêve ou un idéal mais si on a un point d'aencrage, les enjeux deviennent très limites et on ne vit pas uniquement pour soi. Il faut aussi penser à ceux qui nous aiment.

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  2. @ téméraire
    La tristesse est un sentiment comme les autres qu'on ne peut pas toujours maitriser, et en ces moment elle n'arrive pas à voir ce et ceux qui l'entourent.
    Elle aura, un jour peut être, le courage de sourire( un vrai sourire du coeur) pour une autre fois, mais c'est encore tôt, elle ne voit pas encore le bon rivage ou elle devait enfin se poser et recommencer.

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  3. C'est un texte plein de nostalgies, de désarrois et de tristesse. J'espère que ce n'est que passager. Nous passons tous par ces moments qui ne sont là que pour nous faire apprécier les bons et les merveilleux que parfois nous fermons les yeux dessus alros qu'on a tort. C'est hélas toujours le noir qui déteint sur le blanc. La tristesse nous fait oublier les moments de bonheur qu'on a eus !
    Et si pendant ces moments de tout voir en noir on pensait aux petits moments de bonheurs qu'on avait sûrement eus, on relativerait sûrement et on supporterait mieux ces douleureux moments. Je l'avais essayé. Cela ne m'enlevait pas la tristesse mais me la fait supporter mieux en me disant après la pluie il y aura le beau temps !
    On a parfois envie de tout avoir dans la vie (je le pensais vraiment avant) mais c'est difficile. Regardons le bonheur et le sourire d'un enfant cela peut remplacer tout le bonheur du monde !
    Bakhta

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  4. comment tu sais tout ca ? se peut il que l'imaginaire peut te rapprocher à ce point de la réalité ? c'est comme si tu parlais de moi (sauf quelques détails insignifiants )!
    tu écris superbement bien :)

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  5. @ Bakhta
    Essayer de positiver, regarder le bon coté des choses, profiter des moments de bonheur même passagers... je donne ces conseils tout le temps, tout le temps à ceux qui m'entourent et qui comptent pour moi dans leurs moments de mal être, mais je constate que c'est pas si évident.
    Il me faut beaucoup de travail sur soi, mais quand j'écris j'extériorise et je me sens un peu mieux.

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  6. @ Sonia
    Ma chère, tu es peut être mon sosie,ma sœur jumelle ou mon clone quelque part dans ce monde.
    Les histoires se répètent et se ressemblent.
    Bienvenue dans mon monde parfois imaginaire et surtout réalité et ce n'est qu'illusions.

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  7. j'ai été prise de panique en lisant ton texte. j'ai l'impression de me voir dans quelques années, passant à coté des choses essentielles de la vie, incomprise, absorbée par ma vie de famille et délaissant mon moi intérieur. Et franchement, je me batterais pour ne pas tomber dans cette tourmente car celle que je vis mnt, m'épuise déjà assez.

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  8. @ Roxie
    Être consciente de la situation ne te laisseras surement pas tomber dans les mêmes pièges de la vie.
    Juste un conseil d'une amie plus vieille que toi, ne pas faire le premier pas en cédant, car le deuxième puis le troisième suivront, et là la marche arrière sera presque impossible.
    Bonne chance et bonne continuation ma chère, on attend impatiemment vos publications, je suis assoiffée pour te lire.

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