mercredi 5 septembre 2012

Les oiseaux se cachent pour mourir

La lecture est une passion. Une autre vie dans la vie. Le livre donne à son lecteur d’autres couleurs, d’autres saveurs et beaucoup de rêves et d’illusions.

Je suis tombée, il y a quatre jours, par un pur hasard sur la première édition du roman de l’écrivaine Colleen Mc Cullough « Les oiseaux se cachent pour mourir », une édition qui datait de 1978. Et comme je suis une amoureuse de la lecture, j’ai dévoré ses plus de cinq cent pages en délaissant même le sommeil.

Je me retrouve à quatre heures du matin, les larmes aux yeux, avec des sensations fortes et contradictoires à poursuivre cette belle histoire qui a eu lieu en majeure partie en Australie. Je ne sais pas si je pleurais le mal de Meggie, de Ralf, de Fiona, de toute une famille ou simplement les pages qui se suivent ont laissé libre cours au mal que j’avais en moi pour submerger. Un mal que je refusais d’admettre ou de faire sortir. On s’attache aux personnages et on s’identifie à certains d’entre eux, ce qui rend la lecture comme un voyage lointain, mais aussi un voyage dans les profondeurs du soi.

La fluidité du récit, les descriptions merveilleuses ont pu m’emporter loin, avec chaque personnage, avec chaque événement que je n’ai pas pu interrompre ma lecture que pour les obligations de la vie ou quand le sommeil triomphe.

Des passages me tiennent et j’aimerais bien les partager avec ceux qui n’ont pas connu le livre ou ceux qui sont tombés sous son charme il y a des années. Le premier passage est une description en sanglot qu’a donné Meggie à Ralph qui refusait d’admettre ou d’assumer l’amour que sentaient l’un pour l’autre, un amour impossible:
« Vous les hommes vous êtes tous les mêmes, de grands papillons velus, attirés par une flamme ridicule, à l’abri d’un verre si clair que vous ne le voyez pas. Et si vous parvenez à vous frayer un chemin à l’intérieur du globe, vous vous heurtez à la flamme et vous tombez, brûlés, morts. Alors que pendant tout ce temps, dans la fraîcheur de la nuit, il y a de quoi vous nourrir, il y a de l’amour et de petits papillons à engendrer. Mais le voyez vous, le désirez vous ? Non ! Vous retournez vers la flamme, vous y heurter jusqu’à ce que vous y brûliez, que vous en mouriez ! » (page 297)

L’image que peint le dernier paragraphe du roman est aussi belle « L’oiseau à la poitrine percée par une épine suit une loi immuable, il ne sait pas ce qui l’a poussé à s’embrocher et il meurt en chantant. A l’instant même où l’épine le pénètre, il n’a pas conscience de la mort à venir ; il se contente de chanter et de chanter encore jusqu’à ce qu’il n'ait plus de vie pour émettre une note de plus. Mais nous, quand nous nous enfonçons des épines dans la poitrine, nous savons. Nous comprenons. Et pourtant nous le faisons. Nous le faisons. » (page 536)

Sur cette même légende d’oiseau, un autre paragraphe m’a personnellement trop touché, tellement fort et tellement vrai : « Chacun de nous a quelque chose en lui qui ne peut être étouffé, même si cela nous fait hurler de douleur, au point de vouloir en mourir. Nous sommes ce que nous sommes, c’est tout. Comme la vieille légende celte de l’oiseau au poitrail transpercé d’une épine qui exhale son cœur dans un chant et meurt. Parce qu’il le faut, qu’il y est obligé. Nous pouvons savoir que nous nous trompons avant même d’agir, mais cette connaissance n’affecte pas le résultat, ni ne le change. Chacun chante son propre petit couplet, convaincu que c’est le chant le plus merveilleux que le monde ait jamais entendu. Ne comprends tu pas ? Nous sécrétons nos propres épines, sans jamais nous interrompre pour en évaluer le coût. Nous ne pouvant qu’endurer la souffrance en nous disant qu’elle en valait largement la peine ». (page 396)

Le roman a été porté à l’écran, vous pouvez trouvez ses quatre parties ici, ici, ici et ici. Le film mérite d’être vu bien qu’il n’est pas totalement fidèle au livre et n’a pas su transférer la profondeur de chaque personnage, de chaque événement, de chaque débat intérieur et même de chaque paysage. Rien ne vaut la lecture du roman que je trouve beaucoup meilleure.

1 commentaire:

  1. Un bon titre à proposer à mon club de lecture

    Merci mademoiselle pour ce choix

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