jeudi 25 août 2011

La dernière danse…


Ils étaient un couple de danseurs. Un homme et une femme que la musique emporte, les notes approchent, pour une danse qui les unit tous les deux, n’importe le lieu. Leurs mains se lient, leurs corps se rencontrent, une fois sous l’ombre d’un arbre fleurit au printemps, une autre, les pieds nus, sur les grains de sable d’une plage en mouvement, souvent, sous les gouttes d’une pluie d’été marchant sur un pont…

Ils étaient les meilleurs danseurs, tout le monde les voyait synchroniser leurs pas avec chaque note musicale. Leurs mains et leurs pieds valsaient entre la terre ferme et les nuages comme s’ils vaguaient, se baladaient ou même errer sans but précis. Ils étaient les seuls à ne pas savoir que seule l’harmonie, l’amour de la danse et de la musique les liaient et les faisaient danser à deux…

Lui, il l’accusait souvent de ne pas savoir suivre ses pas, ne pas savoir suivre son rythme qui bascule entre le lent et l’accéléré. Lui, il se considère le meilleur, le connaisseur de tous les gestes et de tous les pas, et qu’elle ne faisait que le bousculer, trébucher et lui ôter le plaisir de danser. Pour lui, elle est nulle et ne savait ni quand, ni comment s’exprimer et étaler le message qu’elle voulait passer. Au milieu de la scène il l’expulsait, l’éloignant de lui, la poussant, et il continue seul à valser…

De loin elle l’observait, trouver une autre partenaire pour sa danse qu’il ne pouvait pas freiner. Elle voyait ses mains, ses yeux, ses pieds, elle connaissait tous ses mots, tous ses gestes, son rire, sa colère et surtout quand il veut charmer. Il offrait des fleurs en insistant sur le langage de ses couleurs, il choisissait la musique, et c’est la même musique sur laquelle ils avaient un jour de sérénité dansé…

De son coin où il l’a poussé, elle guettait tous ses actes, ceux qui sont déclarés et ceux qu’il essayait de cacher ou même camoufler. Elle savait que certains mots criés à haute voix sont destinés à elle, un message qu’elle seule pouvait déchiffrer. Que son meilleur plaisir était de jeter celle qui partageait sa danse puis la récupérer comme si tout autour de lui n’était qu’un jeu…

Dans son coin, elle se massait les pieds, les pieds qui sont la richesse de tout danseur, son capital sur lequel il devait veiller. Elle, elle est une grande danseuse, ou elle l’était avant d’être mortellement piétinée, c’est son cœur qui guidait ses pas et elle était capable de danser les yeux fermés. Même après avoir été poussée, blessée, elle n’avait jamais arrêté d’aimer la danse qu’elle avait avec plaisir commencer…

Elle regardait ses blessures et les bleus sur sa cheville et ses pieds. Dans chacune des danses que jadis ils entamaient, elle était mille fois piétinée, des coups de pieds elle recevait. Elle ne voulait pas lui crier ses maladresses, lui montrer sa douleur intense. Elle a beaucoup encaissé sans qu’un jour il puisse deviner, que quand elle trébuche ou quand elle risque de tomber, c’est à cause de ses coups qu’elle recevait. Qu’elle avait toujours continué la danse sans lui infliger la responsabilité. Qu’elle est restée muette sans aller crier, pour ne pas l’offenser, car avec lui elle voulait à vie danser...

Dans son coin, elle soignait les coups qu’elle avait reçus. Elle pansait celles qui saignaient encore et massait celles qui commencent à cicatriser. Ses fleurs, sa musique et même les draps en satin blanc qu’il offrait, à d’autres partenaires avec qui il tanguait, tous ces actes l’aidait à se rétablir, à se mettre de nouveau debout. Ses blessures avaient besoin de temps, et elle leur donnerait tout ce qu’il fallait. Ses blessures allaient surement guérir, elle allait se lever, avancer et de nouveau danser…

Même si elle est fatiguée, même si elle n’a plus envi de continuer, même si elle ne peut plus regarder le monde avec les même yeux, même si elle continuera sa vie à boiter, elle va surement dépasser tout ce qu’elle a enduré, et c’est en solo qu’elle va à nouveau danser, regarder les cieux avec des yeux de l’enfant qu’elle était et dessiner une fleur dans un désert…

6 commentaires:

  1. Avec les pieds cassés, il est difficile de reprendre la danse même en solo. Très triste l'histoire de ces deux danseurs, ils sont tous les deux victimes.
    Un beau texte illusion
    Zied

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  2. Danser en solo c'est la façon de s'exprimer sans être obliger de synchroniser les pas avec n'importe qui, c'est un choix d’être plus libre...en mouvement au moins.

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  3. @ Zied
    Triste oui cette histoire mais il faut chercher qui est vraiment la victime.
    Bienvenu Zied

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  4. @ Hallège
    Danser en solo ne signifie pas toujours un choix ou une liberté, c'est le sans choix, quand le pied est déjà cassé...
    Mais ça donne au moins une forme de vie différente, qui peut parfois porter une sorte de beauté...

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  5. Aller jusqu'au bout de soi-même pour croire encore à la vie....Est-ce possible?

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  6. C'est possible Marie, il faut juste chercher la force en soi pour pouvoir avancer et apprendre de tout ce qui a un jour blesser ou même a failli tuer...

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