dimanche 8 août 2010

Que dire à une maman, face à son enfant mourant?


J’ai longtemps entendu parler de l’expression « mère poule ». Une mère qui couve et qui couvre ses enfants. Une mère toujours présente et attentionnée à tout ce qui peut toucher à ses bébés qui, à ses yeux, ne grandiront jamais.

Quand je l’ai vue, je l’ai connue, j’ai su qu’elle représentait par excellence cette expression. Une mère aussi dévouée, je n’imagine pas que ça puisse exister, au point qu’elle exagère parfois.

Elle a deux enfants, elle les a eus après une grossesse difficile et un accouchement aussi douloureux. Mais c’est normal, aucune mère ne dira que sa période de grossesse ou son accouchement n’étaient qu’une partie de jeu.

A une simple égratignure, une monté de fièvre, une toux, elle est la première présente chez le pédiatre ou parfois même aux urgences, elle ne tolère jamais que l’un de ses enfants puisse souffrir pour un moment. Elle connait alors la liste de tous les anti inflammatoires, les antibiotiques, elle les a tous utilisés que les petits corps de ces deux enfants ne pouvaient plus résister même à une brise d’été (j’exagère surement, mais elle en fait trop).

D’un autre coté, elle veille si bien sur leur éducation, sur leurs bonnes manières en société et sur l’accomplissement de leur personnalité. Entre la danse, la natation, la peinture pour sa fille qui n’a même pas les cinq ans, elle ne fait que courir d’un lieu à autre sans arrêt et sans fatigue. C’est une femme dévouée, qui a les moyens d’offrir à ses enfants toutes les opportunités, alors pourquoi les priver ?

Son petit qui n’a que deux ans est vraiment à croquer. Aussi beau et aussi mignon avec son sourire et son hyperactivité, devant toutes les bêtises qu’il fait, personne ne peut le gronder.

Depuis quelques jours, le drame est annoncé, ce petit n’a que quelques semaines à vivre. Tous les proches le savaient, mais personne n’a osé l’annoncer à la mère, comment pourrait elle l’accepter.

Des paroles de ma grand-mère me revenaient, elle disait que quelques enfants portent en eux la mort, tellement beaux, tellement adorables, tellement rayonnants, qu’ils ne sont pas fait pour vivre et la mort les prends aussi tôt.

Quand je regarde cette femme porter son enfant dans ses bras, l’embrasser, le serrer fort à elle, l’admirer jouer, je vois dans ses yeux une lueur étrange qui me disait, que même si elle ne le savait pas elle le sentait surement. Le cœur d’une mère sent le drame arriver, même si elle ne perçoit pas avec précision ce que c’est.

Et je me demande, comment peut-on consoler une maman qui perd son enfant ?
Qui perd son bébé, qu’elle a passé des longs moments à l’imaginer, grandir devant ses yeux. L’imaginer porter son premier cartable et son premier tablier, l’imaginer ayant son bac et passant à l’université, l’imaginer un jeune marié, tenant la plus belle fille à ses cotés… Comment pouvoir accepter que tous ces rêves s’effondrent par fatalité ? Comment admettre ne pas sentir son parfum, voir son sourire ou l'entendre dire maman?

Des milliers d’enfants meurent chaque journée, sous les bombardements assassinés, d’autres par la faim ou la maladie et derrière chacun d’eux il y a surement une mère qui les pleurait, mais pourraient elles l’admettre ou l’accepter ? Ou auraient-elles la possibilité, qu’un jour elles pourraient oublier ?

Croire que c’est une volonté des divinités peut parfois apaiser, un sentiment d’impuissance devant leur grandeur, mais n’empêche, que c’est cruel de voir son enfant disparaitre de devant ses yeux. Une mère donnera sa vie pour son enfant et préfère mourir mille fois que de le voir souffrir.

..........

Et je tourne le visage, essuyant une larme que je n’ai pas pu garder dans mes yeux, refusant d’imaginer cette maman, souriante jouant avec son bébé dans quelques semaines le pleurer.

8 commentaires:

  1. Pas tout à fait comme ça, mais il y a deux mois que je l'ai vécu ...c'est une expérience très douloureuse pour nous tous, surtout ma mère qui supporte péniblement l'insupportable ....

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  2. Que dire mon Dieu à une maman voyant son enfant mourir ??? Je ne trouverais peut être pas les mots juste dans cette terrible épreuve mais je la serrerais contre mon coeur qui saura lui parler !
    J'avais vécu cette horrible "chose" à 9 ans lorsque ma petite soeur avait rendu son dernier souffle dans mes bras... un jour de l'Aïd Essaghir..., ma mère s'apprêtait à lui mettre sa jolie robe -qu'elle lui avait tricotée en deux heures de temps- et m'avait demandé de la mettre sur le pot avant de l'habiller. Je me voyais terrorisée, ma mère criait son prénom... !!!
    Je viens de ressentir une double douleur car à l'époque je n'avais rien compris à celle de ma mère !!!
    Bakhta

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  3. rien peut compris cette mére!

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  4. Tu peux rien dire à cette maman! Les mots restent sans voix, souvent, devant la férocité du destin!

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  5. Je n'aurais pas dû lire, j'ai fui ce texte comme je n'ai jamais fui, j'ai essayé de me mettre en mode totalement apathique et lire , et j'ai pleuré malgré la dose massive d'antidépresseurs, à cette femme il faut lui dire, il le faut, il est impératif, c'est de la pure lâcheté que de ne pas le faire, il y'a sûrement de l'espoir , mais si elle ne le sait pas il n'y aucun espoir.
    Elle a le droit de le savoir, je ne veux pas me la jouer pieux, mais si la religion peut aider pourquoi pas , celui qui donne , prend, et certaines voies sont impénétrables, je sais que je suis entrain de dire n'importe quoi là, mais in fine : il faut le lui dire.

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  6. @ Gar
    Tu n'es pas entrain de dire n'importe quoi mais tu t'es mis à sa place et tu aimerais le savoir si... ellotf 3alik ya Rabbi !
    Le coeur d'une mère devine tout mais chasse cela de son esprit continuellement mais le savoir de la bouche d'une personne c'est lui permettre peut être d'accomplir les derniers gestes et lui dire tout ce qu'elle a envie de dire à son enfant !
    Allah Issabbarha wi farraj 3ala Sghirha !
    Bakhta

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  7. les mots me manquent pour exprimer l'émotion en lisant votre post.
    C'est la mort d'un enfant qui est dure à accepter et il n'y a pas de mot dans la langue française quand on parle de personnes qui ont perdu un enfant.
    On est orphelin de père ou de mère ou des deux mais pas d'enfant? Pourquoi, parce que c'est totalement illogique qu'un enfant parte avant ses parents...

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  8. merci à vous tous pour vos commentaires et votre lecture...

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