vendredi 4 juin 2010

Encore une fois…



C’était la fin d’un après-midi, une falaise désertée, une mer étendue à l’infinie, des gouttelettes de pluies se brisaient sur le pare-brise de la voiture. Une brise tiède par cette journée pluvieuse qui se mélangeait avec cet air salé qui emplissait les lieux.

Le moteur coupé, des phares lointains que le reflet dansait sur la surface de l’eau, un soleil envoyant des rayons timides à travers les nuages. Ils étaient assis l’un à côté de l’autre, chacun s’enfonçait dans son siège la tête ailleurs, les mains croisées et les doigts crispés.

Une heure était presque passée, aucun mot échangé, des yeux qui caressaient l’horizon, lointain, indéfini, insaisissable. Des petites vagues qui défiaient la nature venaient se briser sur les roches solides et incassables.

Le silence devenait pesant. Chacun attendait un geste, un mot ou même un cri ou une insulte, mais rien n’arrivait. Le soleil commençait à se coucher, un astre majestueux en couleur de feu. Dans un moment, leurs yeux se rencontraient, et l’armure du silence s’est enfin brisée.

Fixant ses yeux, il dessinait avec le bout de son doigt le contour de son visage, de ses yeux, s’attardait plus sur ses lèvres, mettant sur son passage le feu d’une passion il y a si longtemps refoulée. Elle n’osait plus bouger, un souvenir de cette même falaise, de cette main, de cette passion, de cette envie, de ces yeux, de ces lèvres, la laissait sans réaction.

Ses lèvres remplaçaient son doigt, dessinant les lignes de sa passion. Des mots indéchiffrables chuchotés à son oreille. Des mots qu’elle n’avait jamais cru entendre. Des mots qu’elle avait espéré entendre, rêvé d’entendre, supplié d’entendre et qui tardaient à arriver. C’était elle qu’il aimait. Il n’avait pas pu résister, aux sentiments qui l’envahissaient. Il lui offrait son cœur après avoir piétiné pour longtemps le sien.

À ce moment, elle n’avait plus peur de se donner, de s’offrir, de lui faire savourer les éclats de la femme amoureuse qu’elle était. À ce moment, elle pouvait s’aventurer, l’étonner, lui faire gouter à des saveurs qu’elle seule savait éveiller. À ce moment, toutes les chaines qui la bloquaient se sont brisées. Il était sien, son cœur était sien, et à aucun moment il ne pourrait le regretter.

Le mot magique était prononcé, tout le monde pouvait s’arrêter, même la terre pouvait se reposer, de faire ses tours répétées. Les vents, les vagues, les tonnerres, les pluies ne pouvaient qu’admirer, la grandeur et la force de son amour enfin partagé. Rien au monde ne pouvait arrêter, les éclats d’un amour vécu à deux.

Elle n’était pas une femme qui pouvait se contenter, d’un mot d’amour chuchoté, ou d’une bise sous son oreille déposée. C’est une femme qui exigeait, au septième ciel être menée, et de faire la montée à petits pas pour pouvoir savourer, chaque escale qu’ils faisaient à deux.

Elle n’avait plus à cacher ses yeux. Elle n’avait plus à seller ses mains qui voulaient le bercer. Ses mains qui voulaient éveiller, par des frissons et des soupirs lui déclarer que c’est elle seule qu’il voulait, elle seule qu’il aimait.

Les sièges ne pouvaient plus supporter, l’ampleur du désir qu’ils partagent. Sous la pluie, ils se sont encore embrassés. Leurs lèvres se découvraient, se savouraient, se cherchaient entre les souffles coupés. Chaque goutte qui tombait du ciel, et sur leurs deux corps enflammés atterrissait était savourée, sans lui laisser le temps de couler, aucun d’eux n’avait pu résister, à cette saveur salée.

Un homme et une femme dénudés, sous la lueur de la nuit qui les enveloppait, sur une falaise désertée, où on ne pouvait jamais douter, que ces cris et ces gémissements n’étaient que le fruit, de deux amoureux qui s’unissaient. Le ciel lui-même n’avait pas pu résister, il dansait, au rythme de leurs corps enflammés.

Une fois leurs étreintes apaisées, ils découvraient que seule la nuit couvrait leurs corps dénudés, et que la pluie n’avait pas pu arrêter, la force qui les unissait. Leurs habits étaient jetés, sur les rochers justes à côté, et ils étaient complètement trempés. Ils couraient les ramasser, avec des éclats de rire et des mots d’amour échangés.

Elle voulait essuyer une goutte qui affleurait ses yeux, l’empêchant d’encore le contempler. En les rouvrant, elle s’était retrouvée, seule sur son canapé, un livre de rêve qu’une amie lui avait prêté dormait sur ses pieds. L’eau de pluie qu’elle croyait essuyer n’était qu’une larme glaciale qui sillonnait ses joues enflammées, elle croyait que c’était ses lèvres qui l’embrassaient.

Elle s’était levée, d’un pas lourd vers sa chambre elle marchait. Ce n’était qu’un rêve, le dernier. Ses rêves étaient à jamais assassinés, tués, et cette fois à jamais, pour des raisons qu’elle seule connaissait, et qu’il n’avait jamais arrêté de les lui répéter.

8 commentaires:

  1. Il y a des rêves qu'on souhaite devenir des réalités et d'autres durant lesquels l'on souhaite qu'une chose, se réveiller pour dire : heureusement ce n'était qu'un rêve !
    Bakhta

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  2. @ Bakhta : moi je dirai plutôt, malheureusement que ce n'était qu'un rêve, il y a des sensations qu'on doit vivre pleienement et intensément...

    Encore une fois illusions, tu nous porte sur les mains doux d'un rêve disparu pour nous laisser sans rêves sur une falaise désertée...

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  3. @ Bakhta
    Et il y des moments où on souhaite n'avoir jamais rêver...

    @ Venus
    La falaise désertée a été un jour un lieu de rêve, et elle ne l'est plus...
    Un rêve disparu laissera surement la place à d'autres plus merveilleux, mais dans d'autres lieux et d'autres rivages...

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  4. C’est si doux de rêver....
    Mais c’est dommage que ce n’est qu’un rêve … !
    Je te souhaite beaucoup de belles choses durant cette journée…
    Bisous tout doux et amitié sincère Bachir

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  5. Bonjour,

    Je voudrai te remercier de tous ces textes magnifiques. Je faisais des recherche sur les rêves, la tristesse du réveil... Et je suis tombée par hazard sur ton blog. Il est exceptionnel, rempli d'émotion.
    Je me reconnais, ma vie dans chaque ligne que je lis.
    Je te remercie encore une fois du fond du coeur.

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  6. @ Bachir l'anonyme
    Merci, c'est gentil de ta part...

    @ L'anonyme
    Ravie que mes écrits te plaisent et j'espère que la prochaine visite ne sera pas juste par hasard. Tu seras toujours le(la) bienvenu(e)...

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  7. Ces rêves qui nous prennent, dur est le réveil, mais ils rendent la vie plus facile, tout devient accessible, toutes nos règles qui tombent à l'eau, nos désirs sont assouvis, parfois plus réels que le réel.

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  8. @ Gar
    Enfin, je ne suis pas la seule que les rêves prennent et emmènent vers d'autres mondes..

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