samedi 4 juin 2011

Mendier… La profession de luxe.

Être mendiante comme je suis, n’est pas juste un boulot, un travail ou un métier, c’est une profession. Pour réussir cette tâche, il faut bien être professionnel.

Le professionnalisme apparait à plusieurs niveaux. Il faut avant tout être connaisseur de la psychologie des gens, leur état de morale, leurs attentes, leurs valeurs et convictions, ce qui facilite le ciblage du public auquel on est censé demander ce qu’on leur doit.

En second lieu, il faut connaitre la conjoncture sociopolitique et socioéconomique de l’environnement où on doit exercer. Cette connaissance permet d’orienter le discours qui doit être bien étudié et bien appris avant de le présenter et cela en fonction du lieu où on tend la main.

Enfin, et pour ne citer que les conditions de base de la profession de mendier, il faut se mettre à jour, en suivant les informations qui ne concernent pas seulement l’état des lieux mais aussi la conjoncture mondiale pour bien choisir le personnage qu’on doit jouer pour être plus influent et pour que la rente soit plus conséquente.

Là, je n’ai parlé que de généralité, et surtout des connaissances qu’il faut avoir pour réussir ce métier et être professionnel. Mais il faut avant tout avoir le bon profil. Pour cela je vais parler de mon expérience personnelle qui saura convaincre que mendier est vraiment le plus beau métier et que c’est une profession de luxe.

Je suis une femme qui approche la cinquantaine, et j’ai presque quatre décennies dans le métier. Avant tout, je veux préciser que je viens de terminer ma villa dans mon village natal sur un terrain qui dépasse les milles mètres carrés. C’est ma maison pour la retraite, les trois appartements que j’ai achetés aux fils des années me permettront une bonne rente mensuelle digne d’un président qui a préféré seul dégager.

Je suis née dans une famille très modeste, pour ne pas dire très au dessus du seuil de la pauvreté. Dès mes sept ans, j’étais déposée chez une famille à la capitale pour sortir du trou de rats où on habitait et aider ma grande famille. Au bout de deux ans, j’ai réalisé que je suscite toujours la pitié avec ma jambe que je déplace difficilement et ma figure d’une pauvre innocente imbécile. Alors, j’ai bénéficié de beaucoup de dons qui dépassaient de loin mon salaire de rien de tout. Et c’était un gain facile sans aucun effort comparé aux taches que je devais accomplir pour mériter ces quelques sous qu’on envoie à mes parents sans que je sente même leur odeur. Ces années m’ont permis de savoir qu’il ne faut pas toujours mettre de l’effort pour avoir ce qu’on veut.

A dix ans, j’ai fugué, pour me retrouver à la rue, ma plus grande école. J’ai commencé par vendre les papiers mouchoirs aux stations ou à courir les voitures que certains conducteurs me donnaient de l’argent en lavant leurs vitres aux feux rouges… Mais la fatigue est grande et le gain n’est pas si grand.

Devenant plus mure, j’ai changé les méthodes de travail. Il y a des moments où la pauvreté pèse sur la conscience des gens, et ils se sentent qu’en donnant un peu de ce qu’ils possèdent apaisent leur conscience et les rends plus satisfaits d’eux-mêmes. Ces moments là n’en manque pas, une rentrée scolaire, la période des examens quand les parents n’attendent que la réussite des siens, les catastrophes que provoquent la nature dans les quatre coins du monde et qui donnent au gens une sensation que la mort n’est pas loin d’eux. Il fallait juste choisir les bons mots, qui se dirigent vers le point sensible dans chacun pour qu’il mette vite la main dans la poche et sortir ce qu’il peut de pièces de monnaies et parfois même un billet. Tout ça sans parler des occasions religieuses ou les vendredis où le rendement est très honorable même pour les apprentis mendiants.

Mon mari qui est aussi du domaine, a choisi un autre secteur de fonction. Il a choisi les hôpitaux où il lui manquait toujours de l’argent pour faire un scanner ou un IRM pour un parent gravement atteint, et ceux qui sentent le mal de la maladie sont les plus sensibles aux maux des autres.

La révolution a été aussi bénéfique, bien que beaucoup d’intrus soient entrés dans le domaine, mais ils sont loin d’être professionnels. Montrer un cachet sur un passeport et des points de sutures bien dessinés en disant être rescapé des bombardements de tripoli à la recherche de quoi rejoindre une famille qui n’a aucune nouvelle, rend la rente si énorme qu’on est obligé de la déposer dans nos comptes bancaires…

Le seul inconvénient, c’est le vision qu’a la société de nous, biens que les mêmes personnes qui nous fait vivre et s’enrichir nous considèrent comme des parasites qu’il fallait s’en débarrasser. Et cela s’est aggravé par les méthodes primitives qu’utilisent les nouveaux qui les rends connus dans un même lieu et avec les mêmes paroles et leur manque d’orgueil en se jetant sur les gens et en trop insistant. Car, pour être un mendiant professionnel, il faut savoir être fier, car ce qu’on fait est noble, on ne fait qu’apaiser la conscience de ceux qui susceptibles d’avoir un infarctus ou de devenir fous à cause du stress de la vie.

Par ailleurs, chaque personne dans ce bas monde ne fait que mendier, chacun à sa façon. Mendier la paix, la liberté, l’amour, mendier une nuit sans cauchemars… Et j’espère juste qu’on n’arrive jamais à mendier, un pays qu’on a lutté pour construire et qui se perd dans les obscurités… Le chercher, et ne plus le trouver…

Ou arriver un jour, à mendier une autre patrie, fuyant la notre où il n'y aura plus de liberté, si on baisse les bras, laissant à ceux qui se disent démocrates nous dicter nos vie... Il n'est plus temps de mendier... Il faut savoir garder... Il faut savoir lutter, pour que vers l'avant on puisse aller...

4 commentaires:

  1. On va pas mendier pour que ne pays ne perd pas dans le projet obscurantiste des barbus ou le projet mafieux d'un ex rcdiste déguisé et vêtu en habits des anges, on va lutter pour faire sortir notre patrie de la bourbe marécageuse malgré que cette tache s'avère difficile...on va pas laisser les cons punir tout un peuple qui aspire à un jour meilleur....illusions

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  2. Tout à fait de ton avis Hallège.
    Un mendiant est pacifiste en volant l'argent des autres en contre partie d'une satisfaction illusoire.
    Mais quand ça concerne notre liberté, notre patrie, on deviendra plus féroces et on arrêtera de mendier...

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  3. C'est la première fois que j'entends parler de "la fierté de mendier" ! Ce n'est pas que ces gens ne le sont pas, mais y en a ceux qui préfèrent mourir de pauvreté et de fatigue que de mendier .. et ceux là sont les âmes fiers !

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  4. @ Nawras
    ces gens là ont appris à enterrer leur fierté au premier jour où ils ont commencer à mendier et vivre des biens des autres.
    Mendier n'est pas toujours lié aux biens matériels...

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